| cђroniques du millénaire |

Publié le par jérémiah

"Controverse de Valladolid : La controverse de Valladolid est le premier « procès des droits de l'homme ».
Christophe Colomb a découvert l'Amérique depuis 1492 et l'Espagne utilise les Indiens comme esclaves dans les mines. Cependant l'Église ne sait pas quoi penser de ces individus « humanoïdes » dont quelques spécimens sont importés en Europe pour être présentés comme animaux de foire. Sont-ils des descendants d'Adam et Ève ? Ont-ils une âme ? Doit-on les convertir ? Pour trancher ce problème l'empereur Charles Quint réunit en 1550 au collège Saint-Grégoire de Valladolid des « spécialistes » qui vont discuter pour définir ce qui est et ce qui n'est pas un homme.
Comme avocat de la cause indienne : le dominicain Bartolomé de Las Casas. Son père accompagnait Christophe Colomb. Las Casas a fondé une colonie chrétienne agricole visant à faire travailler ensemble Espagnols et Indiens dans les îles Caraïbes.
Comme procureur : Jinez de Sepulveda, prêtre, théologien et confesseur personnel de Charles Quint, grand helléniste, traducteur d'Aristote et adversaire affiché de Luther. Enfin 15 juges, 4 religieux et 11 juristes pour trancher lequel des deux a raison.
Ce débat a une importance économique déterminante car jusque-là les Indiens, considérés comme non humains, formaient une main-d'oeuvre gratuite et illimitée, les conquistadors ne les convertissaient pas et se contentaient de prendre leurs richesses, de détruire leurs villages et de les mettre en esclavage. S'il s'avérait que les Indiens étaient des humains, il faudrait dès lors les convertir et les payer pour leur travail. Autre question évoquée : si on les convertit, doit-on le faire par la persuasion ou par la terreur ?
Les débats se dérouleront de septembre 1550 à mai 1551, période durant laquelle la conquête du Nouveau Monde est momentanément stoppée.
Les discussions vont déborder largement la problématique de départ. Sepulveda invoque le droit et le devoir d'ingérence car il rappelle que les Indiens sont cannibales, font des sacrifices humains, sont sodomites et ont d'autres pratiques sexuelles réprouvées par l'Église. Il signale également qu'ils ne peuvent se libérer seuls de leurs rois tyrans, donc il faut intervenir militairement.
Las Casas pense que s'ils font des sacrifices humains c'est parce qu'ils ont une telle haute idée de Dieu, qu'ils ne peuvent se contenter de sacrifices d'animaux ou de prières.
Sepulveda est pour un universalisme des valeurs : la même loi pour tous. La morale chrétienne doit être imposée aux barbares.
Las Casas prône le relativisme : étudier chaque peuple et chaque culture au cas par cas.
À la fin les délibérations tournent au désavantage de Las Casas.
Les conquêtes sur les territoires des Indiens d'Amérique reprennent. Seule modification : comme l'avait recommandé Sepulveda durant la Controverse de Valladolid, les Espagnols doivent n'effectuer « les pillages, cruautés et mises à mort inutiles » que si celles-ci sont motivées par la notion de « Juste Droit ». Notion floue laissée à la libre estimation des conquistadores."


~ Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu (par Bernard Werber) ~

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Publié dans histoire

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